Résumé : Maître de la France pendant douze ans (1758-1770), sous le règne de Louis le Bien-Aimé, Choiseul a été mésestimé et malmené par les historiens. Ce libertin fastueux, trop souvent confondu avec le personnage de théâtre qu'il avait inspiré à Beaumarchais, le comte Almaviva des Noces de Figaro, seigneur abusif et prodigue, a été la victime des préjugés de l'historiographie républicaine, de certains monarchistes nostalgiques ... et des Jésuites qu'il avait fait bannir. Le complot qui avait provoqué sa disgrâce en 1770 a survécu jusqu'à nos jours. Il était donc temps moins de le réhabiliter que de prendre la véritable mesure d'un ministre qui, après avoir sauvé le royaume du désastre où la guerre de Sept Ans le conduisait inéluctablement, tenta de préserver l'avenir d'un régime guetté par la décomposition. Par ses décisions progressistes, il voulut actualiser une société ankylosée, modérer les excès d'un pouvoir sans règle, rendre aux citoyens leur part de responsabilité. Disciple des "philosophes", de Montesquieu et de Voltaire, il eut une conscience lucide des contradictions qui opposaient au Roi une opinion exigente, avide de liberté et de considération. Il noua l'alliance entre la France et l'Autriche contre la Prusse, fit obstacle aux visées de la Russie sur la Pologne, donna à la France la Lorraine et la Corse, restaura la Marine, réforma l'Armée, prépara par la modernisation du matériel stratégique les triomphes napoléoniens, libéralisa l'économie. Il voulut aussi que la France pût désormais participer à la définition des lois.